Lorsque l’on parle de pierres précieuses, on pense instantanément au quatuor que forment le diamant, le rubis, le saphir et l’émeraude.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le statut de “pierres précieuses” est parfois éphémère.

Dans l’Antiquité, le rubis, l’émeraude mais aussi l’opale ou encore les perles étaient considérées comme des pierres précieuses. L’améthyste faisait également partie du clan des précieuses et fut portée par le clergé et par de nombreuses têtes courronnées. L’améthyste était très rare dans l’Antiquité. On en trouvait uniquement dans les régions volcaniques telles que la Bohême et l’Auvergne.

Quand au milieu du 19ème siècle, d’importants gisements d’améthyste ont été découverts au Brésil et en Uruguay, l’améthyste dégringola de son rang de pierre précieuse.

Cette découverte de grande ampleur a marqué le champ lexical du monde minéral en donnant naissance au terme de “semi précieuse”.

L’introduction de cette sous-catégorie illustre parfaitement l’adage disant que “ce qui est rare est cher” et à l’inverse, ce qui n’est pas rare, ou ne l’est plus, perd de la valeur.

Il est intéressant de noter que le diamant n’a pas subi le même sort lorsqu’en 1870, d’importants gisements furent découverts en Afrique du Sud.

Ces “importants” gisements s’avèreront être “colossaux” et produiront à eux seuls 95% de la production mondiale entre 1870 à 1880.

Alors que s’est-il passé?

Les diamants comme les autres pierres précieuses ne sont-ils pas particulièrement appréciés pour leur rareté ?

Sans aucun doute, les pierres rares sont plus convoitées et donc plus valorisées.

C’est la raison pour laquelle, vu l’abondance des diamants se trouvant dans les mines sud-africaines, la société De Beers a soigneusement organisé sa rareté afin d’éviter de voir s’effonder son attractivité. La manoeuvre consiste à avoir mis sur pied un monopole visant à exploiter les mines, maitriser l’offre, fixer les prix et les maintenir au plus haut.. bref à rendre le diamant artificiellement rare et précieux!

La stratégie de De Beers était double :

D’un côté, limiter l’offre.

De l’autre, stimuler la demande grâce à des techniques marketing variées et diverses et surtout très convaincantes visant à associer le diamant à l’amour éternel. 

« Diamonds are a girl’s best friend », chantait Marilyn Monroe dans Les hommes préfèrent les blondes en 1957.

Le slogan “Diamond is forever” qui date de 1947, est un véritable coup de génie qui aujourd’hui encore, 76 ans plus tard, porte ses fruits.

Oui, le mythe du diamant symbole de l’amour qui dure toujours est encore bien vivant.

De nos jours, une bague de fiancaille est, 9 fois sur 10, en diamant.

Notons que jusque dans les années 30, la demande restait relativement faible vis-à-vis de ces pierres incolores et transparentes.

Notons également que d’un point de vue purement géologique, il n’existe pas de notion de “précieux”. Toutes les pierres formées dans des gîtes naturels portent le terme de « gemme » ou de “cristal”.

Depuis quelques décennies, de nouveaux gisements sont découverts et donc de nouvelles pierres font surface pour le plus grand bonheur des amateurs de couleurs exceptionnelles.

En 1967, la Tanzanite et le grenat Tsavorite sont découverts en Afrique de l’est.

Ces deux pierres d’exception, furent dévoilées au grand public par le Joaillier Tyffany.

La Tanzanite, jolie bleue aux doux reflets violets, est une des pierres les plus rares au monde car on ne la trouve que dans les montagnes Mererani, en Tanzanie.

De plus, les experts prédisent l’épuisement des gisements d’ici les 25 prochaines, années rendant cette pierre incontestablement plus rare que le diamant.

Presque 200 fois plus rare que l’émeraude, le grenat Tsavorite fut qualifié par Henry Platt, ancien président du joaillier Tiffany & Co, de « Rolls-Royce of the green ».

C’est en 1989, dans l’État brésilien de Paraíba, qu’un mineur découvre une tourmaline d’un bleu hypnotisant qui portera le nom de l’endroit où elle fut découverte, Paraiba.

Cette pierre bleu néon qu’on ne trouve qu’au Brésil est estimée 50.000 fois plus rare que le diamant. Quelques gisements de tourmalines semblables ont été découverts récemment en Afrique, mais leur qualité est moindre et la couleur nettement moins exceptionnelle.

En 2014, la compagnie minière israélienne Shefa Yamim, fait la découverte d’un tout nouveau minéral jusqu’ici jamais répertorié officiellement sur la liste des minéraux connus. Ce minéral porte le nom de “carmeltazite” mettant ainsi à l’honneur le Mont Carmel d’où il a été extrait.

Vous l’aurez compris, la liste des pierres d’exception s’allonge au fil des découvertes ce qui n’est pas pour déplaire au grandes Maisons qui convoitent ces pierres de couleurs.

Aujourd’hui, Dior, Cartier, Bulgari arborent leurs créations de grenats, de tourmalines, de péridots, de spinelles, de tanzanites et même du lapis-lazuli.

Depuis quelques années, on observe la montée en puissance de ces pierres dites “semi-précieuses”. Si bien que leur prix s’envolent au point parfois de concurrencer des beaux rubis ou émeraudes.

Il faut bien admettre que nous avons atteint le point où la distinction traditionnelle entre les pierres précieuses et semi-précieuses n’a plus de sens.

En effet, comment justifier qu’un saphir de basse qualité valant quelques euros soit qualifié de “pierre précieuse” alors qu’une Tanzanite, une alexandrite, un grenat Tsavorite ou démantoïde dites “semi-précieuses” soient bien plus rares, plus chères… et donc au final plus précieuses!?

Il est temps de balayer les mythes et les idées fausses et surtout d’actualiser les terminologies utilisées afin qu’elles soient précises et en ligne avec la réalité et pas en ligne avec des slogans marketing ou des diktats du passé.

C’est dans ce souci d’éveiller les consciences, d’améliorer la connaissance des consommateurs, qu’en France en janvier 2002, un décret statue sur les termes à utiliser dans le commerce des pierres.

Désormais, les appellations « semi-précieux » et « semi-fins » sont interdites.

La seule appellation valable est celle de “pierres gemmes” lorsqu’on parle des pierres formées dans des gîtes naturels.

En 2016, l’American Gem Trade Association (AGTA) ajoute dans son code de déontologie que « Les membres doivent éviter d’utiliser le terme ‘semi-précieux’ pour décrire les pierres précieuses ».

La Federal Trade Commission des États-Unis envisage périodiquement d’interdire complètement l’utilisation du terme “semi-précieuse” afin d’éviter la confusion des consommateurs.

Bref, nous assistons aux prémices d’un bouleversement lexical qui aura un impact sur le nouvel ordre établi dans le monde minéral et plus précisément sur la hiérarchie en matière de rareté et de préciosité des pierres naturelles.

Les appellations obsolètes laisseront place à la transparence et ce jour là, toutes les pierres de qualité gemme seront enfin reconnues à leur juste valeur.

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